En France, la loi interdit toute forme de violence éducative ordinaire depuis 2019, alors que 85 % des parents reconnaissent encore avoir recours à la fessée ou à la punition. Les recommandations officielles insistent désormais sur la nécessité d’accompagner les enfants avec respect et empathie, sans recourir à la peur ou à l’humiliation.
Les professionnels de l’enfance connaissent bien les rouages de l’écoute active et de la gestion des émotions. Pourtant, ces compétences essentielles tardent parfois à s’installer dans la sphère familiale. Des parents, sensibles à l’apport des neurosciences et curieux des outils de la parentalité positive, s’autorisent à repenser leurs habitudes, bousculant les modèles transmis de génération en génération.
Pourquoi la bienveillance est essentielle dans l’éducation des enfants
La bienveillance ne se contente pas d’adoucir les relations : elle façonne, en profondeur, la trajectoire émotionnelle de chaque enfant. Catherine Gueguen, pédiatre et figure de référence, le répète : un environnement affectif stable et chaleureux donne à l’enfant les bases dont il a besoin pour s’épanouir socialement et émotionnellement. Dès les premiers instants, la qualité de l’attention offerte influence sa capacité à s’apaiser, à comprendre l’autre et à tisser des liens durables.
La recherche en neurosciences apporte un éclairage nouveau : la sécurité affective stimule la plasticité cérébrale, offrant à l’enfant la possibilité d’intégrer sereinement de nouvelles expériences. Un accompagnement attentif, patient et sans violence, permet à l’enfant de mieux identifier, exprimer et réguler ses émotions. La bienveillance éducative va donc bien au-delà de la simple absence de brutalité : elle réclame une vigilance active, une capacité à repérer le moindre signal, à soutenir l’enfant lors de ses orages intérieurs.
Voici trois attitudes qui incarnent concrètement cette démarche :
- Écoute active : il s’agit d’accueillir les émotions de l’enfant, sans précipitation ni jugement, pour l’aider à les mettre en mots.
- Encouragement : soutenir l’effort, féliciter la progression, et non seulement le résultat final.
- Modélisation : faire preuve d’exemplarité dans la gestion des conflits et proposer des solutions respectueuses face à l’agressivité ou à la frustration.
Prendre soin des enfants, c’est accepter de remettre en question ses automatismes et d’oser transformer sa posture d’adulte. L’éducation bienveillante demande de l’exigence, mais elle offre en retour un espace où l’enfant peut se construire sereinement, sans subir un cadre rigide ou arbitraire. Ce climat de confiance favorise l’épanouissement de ses talents et de sa personnalité.
Éducation positive : quels sont ses grands principes et comment les appliquer au quotidien ?
L’éducation positive fédère désormais familles et professionnels autour d’un socle commun : coopération, confiance, respect des besoins. Inspirée par la psychologie du développement, elle accompagne l’enfant vers l’autonomie, loin des menaces ou des humiliations.
Les fondations de cette approche reposent sur des principes concrets. La communication respectueuse s’impose : parler avec clarté, choisir des mots adaptés à l’âge, écouter sans couper la parole, décrire les faits sans coller d’étiquette. Reconnaître les émotions permet à l’enfant de mieux les apprivoiser : nommer ce qu’il ressent, lui offrir un espace d’expression sans minimiser ce qu’il traverse. La discipline positive, enfin, propose un cadre expliqué et partagé, où la réparation remplace la punition.
Pour ancrer ces principes dans le quotidien, plusieurs leviers s’avèrent efficaces :
- Exprimer clairement ses attentes, sans recourir à la menace ou à la stigmatisation.
- Mettre en avant l’initiative, valoriser chaque pas plutôt que de n’applaudir que la réussite finale.
- S’accorder de vrais temps de présence : jeux, rituels du soir, moments d’échange privilégiés.
La parentalité positive se nourrit d’outils concrets : routines illustrées, tableaux pour répartir les responsabilités, médiation lors des disputes. Accessibles à tous, proposés lors de formations ou via des réseaux de soutien parental, ces outils irriguent peu à peu les pratiques éducatives. L’objectif reste constant : offrir à chaque enfant un environnement stimulant, où il se sent reconnu, compris et accompagné.
Qui accompagne les enfants avec compétence et empathie aujourd’hui ?
Les professionnels de la petite enfance tiennent une place de choix dans l’accompagnement quotidien des enfants. Auxiliaires de puériculture, éducateurs, assistantes maternelles, animateurs : tous s’appuient sur une formation solide, entre savoirs théoriques et expérience de terrain. Leur expertise couvre aussi bien le développement global de l’enfant que le soutien émotionnel ou la création d’un climat rassurant.
Dans les crèches et écoles maternelles, les équipes s’attachent à pratiquer une écoute active au plus près des besoins de chaque enfant. De plus en plus, elles intègrent les apports de Catherine Gueguen et ajustent leur posture : respect du rythme de chacun, verbalisation des ressentis, accompagnement progressif vers l’autonomie sociale.
Voici quelques exemples d’actions concrètes mises en place par ces professionnels :
- Créer des rituels et un accueil individualisé pour établir un climat de confiance.
- Préparer et accompagner les moments de transition (séparation du matin, entrée à l’école).
- Favoriser la régulation émotionnelle grâce à la médiation et à l’existence d’espaces de parole.
La bienveillance guide chaque geste, mais elle ne s’improvise pas. Parents et professionnels partagent une même responsabilité : s’appuyer sur la formation continue, observer, échanger, afin d’affiner leurs compétences. Groupes de soutien, ressources documentaires, partages d’expériences : peu à peu, la culture de l’attention et du respect s’installe et se diffuse, portée par les travaux de chercheurs tels que Catherine Gueguen.
Réfléchir à sa propre posture parentale pour grandir avec ses enfants
Remettre en question sa posture parentale ne concerne pas seulement quelques initiés. Chaque parent, au fil des situations, ajuste sa façon de faire, revisite ses repères, affine sa communication. La parentalité n’est jamais figée : elle se construit dans l’échange, l’observation, le tâtonnement. Reconnaître ses émotions, nommer celles de l’enfant, c’est ouvrir la porte à la confiance et à la recherche de solutions partagées.
Pour nourrir ce cheminement, certains réflexes méritent d’être cultivés :
- Accepter l’expression de la colère ou de la tristesse, sans juger.
- Prendre le temps d’écouter, de reformuler ou de questionner avant de réagir.
- Poser un cadre net, sans céder à la communication violente ou aux menaces.
La parentalité positive ne vise pas à effacer chaque frustration, mais à accompagner l’enfant dans l’apprentissage de ses propres émotions. Refuser la culpabilité, accueillir les erreurs comme des occasions de progresser : cette attitude, défendue notamment par Catherine Gueguen, soutient l’autonomie et la responsabilisation. Faire des choix réfléchis, accepter d’avoir des doutes, solliciter l’avis d’autres parents ou s’appuyer sur des ressources fiables : autant de leviers pour avancer.
Dialoguer avec son enfant, expliciter ses décisions, reconnaître la diversité des situations : ces gestes quotidiens installent durablement une atmosphère de respect mutuel. La famille devient alors un terrain d’expérimentation, où chacun, adulte comme enfant, affine ses compétences relationnelles, découvre ses forces et apprend à composer avec ses limites. Voilà, peut-être, le secret d’un accompagnement vraiment ajusté, capable d’évoluer au rythme de chaque histoire singulière.


