Enfant : période la plus difficile ? Comment la gérer au quotidien

Certains enfants traversent des phases d’opposition extrême précisément lorsque tout semble se stabiliser à la maison ou à l’école. Un comportement calme n’exclut pas la survenue soudaine de crises quotidiennes, sans motif apparent.

Les professionnels observent que les périodes jugées les plus pénibles n’arrivent pas toujours à l’âge attendu, ni selon des schémas fixes. Les stratégies habituellement recommandées perdent parfois toute efficacité, laissant les adultes face à un sentiment d’impuissance.

Comprendre pourquoi certaines périodes de l’enfance semblent plus difficiles

L’enfance avance par à-coups, et chaque étape s’accompagne de ses propres turbulences. Les fameux terrible two ou fucking fours ne sont pas de simples légendes urbaines : ils incarnent la réalité d’une croissance qui secoue autant qu’elle construit. Très tôt, l’enfant cherche à s’affirmer. Sa soif d’autonomie se traduit par des refus, des colères, parfois des négociations acharnées. Ce n’est pas un caprice, juste la preuve qu’il grandit et qu’il teste ses propres limites, comme celles de son entourage.

Les spécialistes sont formels : traverser une phase d’opposition fait partie du cheminement. L’enfant cherche, expérimente, s’énerve et s’oppose parce qu’il n’a pas encore la maturité nécessaire pour canaliser ce qu’il ressent. C’est là que la frustration s’invite, souvent bruyamment. Chez certains, les crises se succèdent, déstabilisent, puis s’estompent au fil du temps et de l’accompagnement reçu. Chaque enfant avance à son rythme, et la fréquence comme l’intensité des crises varient largement en fonction de l’âge, du tempérament, ou du climat familial.

Voici comment ces épisodes d’opposition peuvent se manifester selon les âges et les contextes :

  • Entre 2 et 4 ans, les crises de colère sont à leur maximum et rythment souvent les journées.
  • Les oppositions physiques ou verbales apparaissent par vagues, selon le besoin d’indépendance ou d’affirmation.
  • Le développement émotionnel avance de façon irrégulière, en fonction des expériences vécues et du cadre posé par l’adulte.

Ce comportement d’opposition, sauf cas spécifiques (comme le trouble oppositionnel avec provocation), fait partie intégrante du développement. Même si la fatigue gagne parfois les adultes, ce passage construit l’enfant et façonne ses rapports avec les autres.

À quel moment la parentalité met-elle le plus à l’épreuve ?

Voir son enfant traverser des tempêtes émotionnelles bouleverse le quotidien. Les moments de calme alternent sans prévenir avec des accès de colère, des refus répétés, des cris. La patience des parents est mise à rude épreuve : jongler entre écoute et fermeté, garder le cap alors que la fatigue pèse. Rapidement, les doutes s’installent : ai-je répondu comme il fallait ? Est-ce que je cède trop facilement ? Est-ce que je vais tenir ?

La tolérance de chacun possède ses propres limites. Certains adultes encaissent, d’autres vacillent plus vite face à la répétition des débordements. Et puis, il y a le regard extérieur, parfois bienveillant, souvent jugeant. L’isolement guette, surtout quand les crises s’enchaînent et que les proches semblent loin ou silencieux.

Trois aspects rendent ces phases particulièrement éprouvantes pour les adultes :

  • Les crises, imprévisibles et fréquentes, épuisent les ressources physiques et mentales.
  • Les jugements extérieurs ou la pression sociale amplifient le sentiment d’être seul face à la difficulté.
  • La nécessité de concilier éducation, vie professionnelle et personnelle laisse peu d’espace pour souffler.

Le parent avance alors en terrain mouvant, souvent sans repère solide, avec la sensation de devoir tout inventer. Apprivoiser ses propres réactions, accepter une part d’imprévu, apprendre à composer avec les failles et les forces du quotidien : tout cela devient la règle, plutôt que l’exception.

Les clés pour traverser sereinement les phases compliquées du quotidien

Quand la maison prend des allures de champ de bataille, poser un cadre cohérent devient une nécessité. Pour l’enfant, les règles claires rassurent ; pour l’adulte, elles évitent de naviguer à vue. L’ambiguïté nourrit la confusion, la constance pose des jalons. L’idéal : fixer des limites sans rigidité, offrir à l’enfant des choix adaptés à son âge, sans renoncer à ce qui compte vraiment.

Apprivoiser les émotions, c’est tout un art. Face à la frustration, mieux vaut rester disponible, s’accroupir pour croiser le regard, parler simplement. Les conseils de spécialistes tels qu’Isabelle Filliozat ou le Dr Michel Lecendreux convergent : privilégier la réparation, encourager les efforts, valoriser chaque progrès. Punir systématiquement ne produit pas de miracle : féliciter un comportement attendu, en revanche, nourrit la confiance de l’enfant.

Pour garder le cap, quelques repères utiles :

  • Formulez une consigne à la fois, avec des mots précis et adaptés.
  • Prévenez les situations qui risquent de dégénérer, détournez l’attention au bon moment.
  • Une fois la tempête passée, revenez sur ce qui s’est joué, sans jugement mais sans minimiser non plus.

Être constant n’exclut pas l’ajustement : adaptez vos attentes selon la fatigue ou la maturité de l’enfant. Faites-le participer à la vie du foyer, intégrez-le dans les routines : une petite responsabilité, un rituel partagé. Ce sont autant de leviers pour l’aider à se structurer et pour l’adulte, l’occasion de mieux comprendre son propre fonctionnement. S’appuyer sur des lectures, échanger avec des professionnels, c’est aussi gagner en recul et en sérénité.

Enfant avec céréales renversées en cuisine matinée familiale

Quand et comment demander de l’aide sans culpabiliser

La fatigue finit par s’accumuler, même chez les parents les plus endurants. Face à un enfant difficile, la tentation de tenir bon à tout prix se heurte parfois à la réalité : avoir besoin d’un soutien extérieur ne signe pas un manque, mais une prise de conscience. Consulter un professionnel – que ce soit un coach, un pédopsychiatre ou un psychothérapeute – peut représenter une étape salutaire. Cela permet de sortir du cercle du découragement, de la culpabilité, du sentiment de naviguer à vue sans boussole.

Identifier le bon moment

Certains signaux doivent vous alerter et vous inviter à chercher un appui extérieur :

  • Un sentiment d’impuissance persistant devant la répétition des crises de colère.
  • Des tensions continues à la maison, malgré les tentatives de régulation et de dialogue.
  • La lassitude prend le pas sur l’écoute, la patience s’effrite face à l’intensité émotionnelle.

La première étape consiste à mettre des mots sur la difficulté, sans crainte du regard extérieur. Les relais existent : centres de PMI, associations de parents, consultations spécialisées. Certains experts, comme le Dr Michel Lecendreux ou Isabelle Filliozat, proposent des ressources concrètes pour accompagner chaque situation. Un tiers formé peut aider à relire le scénario familial, à démêler ce qui coince et à trouver des solutions sur mesure. Oser demander de l’aide, c’est prendre acte de la complexité de la parentalité, et s’offrir la possibilité d’avancer, plus apaisé.

Parfois, il suffit d’un échange, d’une écoute ou d’une astuce pour ouvrir une brèche dans le quotidien. L’équilibre se reconstruit, petit à petit, et l’enfant, comme l’adulte, retrouve la possibilité de grandir ensemble, sans s’épuiser à lutter contre des tempêtes inévitables.

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